Sorties Culture

Théâtre Anthéa

GUS

Sébastien Barrier s’adresse aux enfants à partir de 10 ans mais aussi aux parents. Il a la tchatche et raconter l’histoire de Gus, le chat de son guitariste Nicolas Lafourest l’inspire fortement. On ne peut pas dire que ce chat soit une beauté ni qu’il soit très sympathique mais Nicolas et lui s’adorent. Attention, un chat peut en cacher un autre, le dénommé Wee-Wee, le chat de Sébastien. Depuis, Nicolas et Sébastien sont liés par leurs félidés. En attendant les centaines de pages qu’il s’est promis d’écrire sur son chat, Barrier a élaboré son spectacle en performeur chevronné tandis que Lafourest envoie du son. À travers cette histoire de « chat boiteux », des questions nous sont posées. Peut-on se remettre d’un abandon ? Peut-on souffrir d’être trop aimé ? Peut-on aimer et abandonner ?

MUMMENSCHANZ, 50 YEARS

Depuis sa création en 1972, la troupe de Mummenschanz (« mime » et « chance ») propose un théâtre à nul autre pareil où les objets du quotidien prennent vie en un miracle toujours renouvelé. Ni paroles ni musique, tout se joue devant un fond noir grâce à de surprenants effets visuels, des masques et des gestes. Il en émane une poésie du silence singulièrement envoûtante qui a parcouru le monde avec un succès jamais démenti. Le cinquantième anniversaire de Mummenschanz est l’occasion d’offrir au public un best-of des meilleurs numéros de la troupe, choisis parmi le vaste répertoire qui s’est constitué au fil des années. Ce qui n’empêche pas de nouvelles créations car de jeunes talents ont su prendre le relais, insufflant à la troupe toute l’énergie et l’enthousiasme dont elle fait preuve depuis plus d’un demi-siècle.

HÅNSEL & GRETEL

En 1893, le compositeur Engelbert Humperdinck crée à Weimar l’opéra Hansel et Gretel, tiré du célébrissime conte des frères Grimm : partis dans la forêt cueillir des fraises, un frère et une sœur s’enfoncent dans les bois et découvrent une maison en pain d’épice où ils vont devoir affronter une sorcière... Aujourd’hui, l’illustrateur Lorenzo Mattotti projette sur écran géant les dessins de l’album que lui a inspiré le conte et d’autres images qu’il réalise en direct. Également sur scène, Nadia Fabrizio raconte l’histoire tandis que deux pianistes interprètent des extraits de la musique de Humperdinck. Immersion garantie au cœur d’une sombre forêt, à la rencontre d’une redoutable sorcière. Un spectacle envoûtant pour petits et grands.

SLAVA'S SNOWSHOW

Un spectacle sans paroles, autrement dit universel. Après leur venu à anthéa en 2015 et 2019, la troupe de clowns malicieux et un peu fêlés revient partager ses aventures poétiques en transformant la scène et la salle d’anthéa en territoire d’un rêve éveillé. Ils font de l’art du mime un objet de théâtre où se jouent nos drames d’adultes comme nos rêves d’éternels enfants et le miracle agit : la neige réchauffe les âmes des spectateurs, l’émotion surgit, grandit et se déchaîne comme une tempête !

APRÈS BARBE-BLEUE

Après Diogène, l’Opéra rap, Jean de La Fontaine, La fable musicale et Baudelaire, Prince des Huées, la compagnie START 361° conçoit un nouveau spectacle musical autour de la figure de Barbe-Bleue. « Il n’est plus d’époux si terrible » dit de lui Charles Perrault. À l’heure où le compte macabre des féminicides est tenu à jour, on peut légitimement en douter et c’est bien l’intention de Clément Althaus. Sa réécriture contemporaine est résolument engagée. Des témoignages poignants s’entrecroisent autour de Barbe-Bleue qui devient un conte documentaire signé par l’identité musicale de la compagnie. Il s’en dégage un impact dramatique très fort, porté par une harmonie dont la résonance est plus que jamais d’actualité.

CIRQUE ÉLOÏSE, ENTRE CIEL ET MER

Le Cirque Éloize fête ses 30 ans avec une création originale qui puise son inspiration là où tout a commencé : aux Îles-de-la-Madeleine. Entre ciel et mer est un manifeste enchanté qui fait résonner la culture acadienne et québécoise. La langue française y semble sculptée par les vents et toutes les rencontres que quatre siècles d’Histoire ont su tramer. Le parler québécois, son accent et ses expressions truculentes pirouettent avec le langage musical et acrobatique. Un mariage parfait entre conte, cirque et musique. Il en émane une vraie poésie qui se déploie avec simplicité et engage sans en avoir l’air dans une réflexion sur l’identité de chacun, notre humanité, nos origines et tous les possibles qui s’offrent à nous.

LE CABARET DE MONSIEUR MOUCHE

Monsieur Mouche, l’homme à tout faire d’un théâtre, a découvert il y a quelques années la joie d’être sous le feu des projecteurs et il l’a si bien transmise à ses collègues de travail qu’un beau jour la joyeuse équipe décide de se jeter à l’eau. Il y a bien longtemps que l’administratrice a fait un stage d’art dramatique mais ça lui revient, le directeur n’ose pas y croire mais il veut saisir la chance de faire entendre ses propres chansons, le factotum va enfin interpréter Papageno. Ils puisent dans tous les trésors que contient leur théâtre pour monter un show extraordinaire : numéros visuels, musiques et chansons, effets spéciaux, saynètes théâtrales, l’ambition est grande et les obstacles fort nombreux... Après des mois de répétitions ils sont fin prêts : Le cabaret de Monsieur Mouche va affronter le public !

HÔTEL BELLEVUE

Par une nuit d’hiver, des voyageurs... En transit dans un hall d’hôtel, le départ de ces clients ressemble à un faux départ. On comprend que le tenancier préfère les garder près de lui et ne les laissera pas facilement quitter l’établissement. Eux-mêmes en ont-ils la volonté ? Ils sont enfermés. La caméra de surveillance de l’hôtel filme leurs allées et venues du lobby au desk (vocabulaire d’hôtellerie international traduisant très exagérément le standing du modeste Bellevue...) Faute de trouver une issue physique à leur histoire, cet échantillon de personnages hauts en couleur vont s’embarquer dans un voyage mental « poético-absurde », aidés dans leur fuite par les images filmées en temps réel et d’autres préenregistrées. Le décor se transforme à vue. Les corps se libèrent et les voyageurs, désentravés, s’inventent un parcours fantasmagorique commun, une échappée, bien plus qu’une porte de sortie...

KIKI

Certains parlent à leur poisson rouge, leur plante verte ou leur frigo. Pétou, lui, il a KIKI, un vieux poste de télévision hors d’usage. Chaque soir, après une rude journée passée à fouiller dans les décombres et poubelles d’un monde en ruine, Pétou retrouve son modeste chez-lui. Parmi ces vestiges du passé accumulé, dans ce décor qui est un personnage à part entière, il retrouve KIKI. Pour rompre la solitude, il cherche à tisser un lien et se lance dans un dialogue à sens unique avec l’objet... Aujourd’hui la journée a été excellente, Pétou a trouvé de l’eau potable. Il en rapporte plusieurs bidons. Il est l’homme le plus heureux de ce triste monde et veut partager sa bonne humeur avec KIKI. Le luxe de cette eau, ce nouveau confort l’inspire, il décide de faire revivre à KIKI une fastueuse soirée de gala et improvise un Festival de Cannes fait maison... KIKI mériterait bien d’avoir la Palme.

LE MEILLEUR DES MONDES

Publiée en 1932, la célèbre dystopie d’Aldous Huxley envisage une société où régnerait un eugénisme radical. De fait, la reproduction humaine n’est plus sexuée mais dépend entièrement du contrôle des laboratoires et d’un système de castes très rigide. Grâce à la consommation de Soma, une drogue bienfaisante, chacun est content de son sort. Moyennant quoi, la pire des dictatures prend les apparences d’une démocratie enfin apaisée. Difficile de ne pas songer au rêve transhumaniste en découvrant Le Meilleur des mondes...

PÉNÉLOPE

En 1981, la couleur blanche dominait dans Ulysse, un des ballets les plus marquants de Jean-Claude Gallotta. Quatre décennies plus tard, c’est dans une palette délibérément noire que se joue Pénélope, à commencer par les costumes, évolutifs et épurés, signés Chiraz Sedouga. Le noir se fait cuir, dentelle ajourée ou résille, les jupes sont fendues, les vestes des hommes revêtues par les femmes, les brassières découpent les torses féminins et masculins. Pour le chorégraphe, il était naturel d’élargir le regard qu’il porte sur l’épopée d’Homère et de l’aborder cette fois du point de vue de Pénélope. Écrivains et poètes d’aujourd’hui ont tracé la voie pour sortir le personnage de la représentation immémoriale de la femme, fidèle à l’homme absent, asservie à une inachevable tapisserie, vertueuse jusqu’à la ruse face aux convoitises masculines. Jean-Claude Gallotta poursuit cette réinvention et démultiplie sa Pénélope en un éventail de danseuses, faisant ainsi de son héroïne la représentante protéiforme de toutes les femmes.

TADAM

Le papa de Louison est magicien. Mais un jour, il a raté un tour particulièrement difficile : « La Grande Disparition ». La vie a continué mais les choses ne sont plus allées tout à fait comme avant. Le magicien a gardé pour lui son échec, sans s’apercevoir qu’il pourrait le partager avec Louison qui a grandi et ne s’émerveille plus des tours de magie. Ce qu’elle voudrait, c’est percer les grands secrets des adultes, comme celui qu’elle sent chez son père. Comment nouer un dialogue intime avec lui ? Comment lui faire comprendre qu’elle est bien assez grande ? Comment accepter qu’il ne soit pas aussi génial qu’elle le voyait, enfant ? Et puis il y a ce type bizarre avec qui son père passe toutes ses journées... Et ce mystère-là, elle voudrait aussi le résoudre...

ZAZIE DANS LE MÉTRO

Difficile de résumer le célèbre roman de Raymond Queneau tant il fourmille de péripéties loufoques et d’ailleurs à quoi bon ? La réputation de Zazie n’est plus à faire. On dirait aujourd’hui que c’est une pré-ado qui découvre Paris en rendant visite à son oncle Gabriel, que seule la visite du métro l’intéresse et qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche, quitte à estropier bien des mots. Mine de rien elle est passée à travers pas mal d’embûches et, à Paris, toutes sortes d’aventures l’attendent. Zabou Breitman et Reinhardt Wagner ont conçu une adaptation du roman en comédie musicale, un genre qui s’accorde à merveille à la folle fantaisie de Queneau et restitue la couleur sonore du Paris des années 1960, mais pas seulement... Comme dirait l’héroïne : « Mélancolique mon cul ! »

DEUX FRÈRES

Boris et Lev, deux frères unis par une relation exclusive, partagent un appartement où ils hébergent Erica. La liaison de la jeune femme avec Lev et sa négligence des règles de vie commune fragilisent l’équilibre déjà précaire du trio. Et quand Boris tombe amoureux d’Erica, les deux frères n’ont plus d’autre choix que de tout tenter pour écarter l’intruse. Dans ces conditions, il y a toutes les chances que la sérénade à trois vire au cauchemar... Et c’est là que l’écriture au scalpel de Fausto Paravidino fait merveille. Quant aux Collectionneurs, que ce soit dans On purge bébé, Le Petit Chose ou Théâtre à la carte, spectacles toujours en tournée, ils aiment poser un regard vintage sur leurs mises en scène et offrir « un voyage nostalgique aux spectateurs ». Deux Frères se passe dans une cuisine digne d’un soap opera des années 80-90, à la nuance près que les rires ne seront pas préenregistrés mais bien dans la salle.